Ahmed Chekhab, un gamin des banlieues

Ahmed Chekhab est le type même de ces gamins de banlieue ayant toujours refusé les stéréotypes. Né en octobre 1983, il a grandi dans le tumulte du Mas du Taureau à Vaulx-en-Velin où ses parents habitaient. Le Mas du taureau… Un nom lourd de sens dans l’histoire récente de la ville. C’est ce qui a forgé son caractère de citoyen combatif.

Ahmed Chekhab a huit ans quand y éclatent les premières guérillas urbaines, préludes aux affrontements qui opposent jeunes des quartiers aux forces de l’ordre, après qu’un jeune ait été tué par les gendarmes.

« J’ai vécu cela en direct depuis un terrain de foot. Je ne comprenais pas ce qui se passait ; c’était la première fois que je voyais des CRS » se souvient l’actuel adjoint au maire de Vaulx-en-Velin, délégué à la citoyenneté. « Il y eut une grande stigmatisation des jeunes des quartiers. Je m’interrogeais déjà sur notre avenir » ajoute-t-il. Première expérience d’une discrimination qui, au fil des ans, n’a fait qu’empirer.

Dans ce contexte difficile, le petit garçon suit une scolarité normale à l’école Jean-Vilar, avant de poursuivre ses études dans un collège catholique des Brotteaux à Lyon, au lycée Doisneau de Vaulx-en-Velin, puis au lycée Jean-Paul-Sartre à Bron.

Son bac STT en poche, Ahmed Chekhab prépare ensuite un deug d’histoire à l’Université Lyon 2, mais au bout de 2,5 ans, il préfère s’orienter vers un BTS en action commerciale dans une école privée.

« C’était une formation en alternance mais lorsqu’on m’a demandé de trouvé un patron, j’ai envoyé 250 lettre de motivation. Je n’ai eu aucune réponse ». Deuxième réelle confrontation aux inégalités liée à ses origines familiales.

« Vaulx a fait ce que je suis » assure Ahmed Chekhab. L’homme a puisé ses ressources dans la difficulté, pour ensuite les mettre au service de la collectivité.

Son engagement n’est pas récent. A l’âge de 16 ans, il a passé un Bafa qui lui a permis de travailler dans le secteur de l’animation, au Centre social George-Lévi de Vaulx-en-Velin notamment. Deux ans plus tard, il a milité au sein d’une structure baptisée “Initiative citoyenne”.

En 2008 il se rapproche d’Hélène Geoffroy, élu maire de Vaulx-en-Velin en 2014, laquelle lui offre d’ailleurs une place sur sa liste aux municipales. Le combat citoyen lui reste chevillé au corps et Ahmed Chekhab participe donc à la création de “Unis Cité”.

Aujourd’hui, c’est lui qui mène le combat vaudais des discriminations, à travers le Plan de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations, lancé par Hélène Geoffroy en octobre 2014.

C’est encore dans l’engagement et l’adversité que se forgent ses modèles humains: Jean-Moulin, Larbi Ben M’hidi, militant algérien assassiné en 1953, Che Guevara, Mandela, Mohamed Ali constituent son Panthéon personnel.

Marié, père de deux enfants aujourd’hui âgés de six et deux ans, actuellement attaché commercial dans une entreprise qui fabrique des vérandas et des pergolas, Ahmed Chekhab dit « apprendre énormément tous les jours ». Apprendre une vie normale dans une ville de Vaulx-en-Velin qu’il voudrait “normale“. C’est en tout cas son vœu le plus cher.

 

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